Le SAV de la course du Grand Prix du Canada 2014
|Le SAV de la F1 est revenu, dans une émission en direct, sur la course du Grand Prix du Canada 2014 remportée par Daniel Ricciardo (Red Bull-Renault), dont nous vous proposons le résumé grand format.
Avec 27°C dans l’air et 50 sur l’asphalte, ce début du mois juin voit Montréal dans une météo estivale. Mais les résidents temporaires de l’île Notre-Dame, que les caprices de Dame Nature n’intéressent que lorsqu’ils interfèrent avec leurs affaires, ne voient pas forcément cette augmentation du mercure d’un bon œil : les 6 degrés supplémentaires sur le tarmac vont mettre à mal les pneumatiques Pirelli, les Tendres et les Super Tendres, davantage que prévu et causer des grattements de tête aux stratèges des 11 écuries.
Mais pour Nico Rosberg, lorsque, depuis la pole position, il relâche son embrayage comme le font ses collègues, sa concentration se porte rapidement sur un problème plus terre à terre : son envol est de nouveau moyen et il ne peut qu’assister au rapprochement de Lewis Hamilton, qui malgré la proximité de la grille et du premier virage, parvient à passer son museau de quelques dizaines de centimètres devant celui de la Mercedes n°6. Mais, comme souvent lors du départ du Grand Prix du Canada, l’ancien pilote Williams, à l’intérieur pour l’entrée du premier enchaînement, freine un peu trop tard et trop fort et bloque sa roue avant gauche. Pour éviter le contact, le porteur du numéro 44 passe les quatre roues de l’autre côté de la ligne blanche, ce qui permet à Sebastian Vettel de s’emparer de la deuxième place.
Le deux premiers virages se passent sans autre encombre particulière, mais le Circuit Gilles-Villeneuve fait ses premières victimes dans la foulée : aux abords du virage 3, les deux Marussia de Jules Bianchi, à l’extérieur, et de Max Chilton sont côte à côte, et au freinage, le Britannique perd le contrôle de son véhicule, part en toupie et harponne violemment l’autre monoplace russe, qui percute le muret à l’extérieur du virage 4. Désastre pour Marussia, dont les deux monoplaces sont détruites, notamment l’arrière de celle du Niçois.
Un accident qui n’a pas froissé que du carbone, puisque les deux pilotes, s’ils s’en sortent fort heureusement indemnes, se rejettent la faute. « Je lui ai laissé de l’espace à l’intérieur, » déclarera Jules Bianchi après la course auprès d’Autosport. « Si vous voyez les images depuis l’arrière, vous pouvez voir que je suis très proche de la ligne blanche à l’extérieur. Je ne pense pas que j’ai freiné trop tard. Je n’ai même pas bloqué une roue. Je me suis forcé à ne pas braquer parce que je sais qu’une voiture était là. C’est pourquoi j’ai pris le large. Mon point de freinage était bon. » Le son de cloche est opposé du côté de Max Chilton, dont c’est le tout premier abandon en Formule 1 au bout de sa 26ème course : « Le problème est que les images commencent au moment où je suis en survirage et où il semble que je glisse vers lui. […] J’ai freiné tard et lui encore plus, ce qui était trop à mon avis, et puis il a braqué. La seule chose que je pouvais faire à ce moment pour éviter que cela semble être ma faute était d’aller à l’intérieur. J’ai escaladé le gros vibreur, mais je n’avais toujours pas assez de place, donc j’ai repris les freins pour ralentir la voiture, qui a perdu l’arrière et c’est là que les images commencent. » De bonnes intentions que n’a pas relevé le collège des commissaires sportifs, dont le membre-pilote était ce week-end l’Irlandais Derek Daly, puisque le porteur du numéro 4 devra s’acquitter d’une pénalité de 3 places sur la grille lors du Grand Prix d’Autriche, jugé responsable de la collision.
Quoiqu’il en soit, au vu de la position des deux épaves et de l’énorme flaque que dépose celle de Jules Bianchi, la voiture de sécurité est rapidement déployée. Six tours et demi seront nécessaires pour remettre la piste en état, et à la relance, au début du 8ème tour, le classement s’établit comme suit : Rosberg est donc en tête devant Vettel et Hamilton. Suivent les deux Williams de Bottas et Massa, Ricciardo, Vergne, les Ferrari d’Alonso et Räikkönen, et Button dans le top 10. Les Force India de Pérez et Hülkenberg, en embuscade, lorgnent sur des positions dans les points, et précèdent Magnussen, Sutil, Grosjean, Kvyat, Maldonado, Kobayashi, Ericsson et Gutiérrez, qui, non content de s’être élancé de la voie des stands, l’a visitée à deux reprises après l’apparition de la voiture de sécurité pour se débarrasser des pneus Super Tendres qui se révèleront pour certains problématiques.
Comme de coutume, les Mercedes semblent plus rapides que la concurrence, et Lewis Hamilton fait sauter le verrou Vettel dès qu’il peut user du DRS, à la fin du 10ème tour, la Mercedes disposant d’après les infographies de la FOM d’un avantage de plus de 25 km/h sur la Red Bull dans ces conditions. Le duel Rosberg-Hamilton tant attendu va donc reprendre, l’écart étant d’1,8 seconde sur la ligne.
Derrière, la première vague d’arrêts aux stands commence prématurément : malgré le long séjour de la voiture du sécurité, les pneus Super Tendres, avec lesquels sont partis bon nombres de pilotes, dont la totalité du top 11 de la course à cet instant, s’usent plus rapidement que précédemment dans le week-end du fait des températures accrues : premier pilote à s’élancer pneus tendres, Hûlkenberg est alors douzième. Coincé derrière la Sauber d’Adrian Sutil, Romain Grosjean ouvre le bal après 11 tours dont seulement 4 de course à fond. Daniel Ricciardo, qui bute lui aussi sur la Williams de Felipe Massa, rentre à la fin du 13ème tour. Les Mercedes, en plus d’être les plus rapides, se montrent comme souvent les plus économes à stratégie égale, mettant fin à la première fenêtre d’arrêt des pilotes qui s’arrêteront à deux reprises en s’arrêtant aux 18ème et 19ème tours.
Entre-temps, Felipe Massa s’est de nouveau trouvé victime d’un arrêt manqué, le pistolet utilisé par le changeur de la roue avant gauche se révélant récalcitrant. Le Brésilien perd trois positions au profit de Daniel Ricciardo, Fernando Alonso et Jean-Eric Vergne, ces deux derniers ayant d’autre part échangé leur position lors de ce premier arrêt.
En tête, Lewis Hamilton se rapproche et rentre dans la zone DRS. Sous pression, Nico Rosberg allume une roue au freinage de la chicane à la fin du 25ème tour et la court-circuite. Alors que les deux Mercedes étaient roues dans roues, l’écart repasse directement au-dessus sur la ligne, l’Allemand ne semblant pas disposé à lever le pied pour laisser le Britannique recoller. Il n’en faut pas plus pour que la direction de course n’ouvre une enquête, qui n’aboutira finalement à aucune sanction. Faute de document justifiant de la décision, on ne peut que supposer que le porteur du numéro 6 a lâché du lest quelques boucles après, quand l’écart a de nouveau diminué.
Derrière, les Force India de Sergio Pérez et Nico Hülkenberg tentent une stratégie à un arrêt. Le stratège de l’écurie indienne a d’ailleurs assuré ses arrières en ne mettant pas ses œufs dans le même panier : le Mexicain s’est élancé avec les pneus Super Tendres alors que l’Allemand est chaussé des pneus Tendres. De plus, leur vélocité en ligne droite empêche la Red Bull de Sebastian Vettel, revenue sur leurs basques avec dans son sillage Valtteri Bottas et Daniel Ricciardo, de tenter une manœuvre de dépassement.
Mais alors que la course semble acquise à Mercedes, les deux Flèches d’Argent disposant de près de 30 secondes d’avance sur la concurrence après 36 tours, le rythme des monoplaces de la marque à l’Étoile baisse subitement et de manière quasi-simultanée : les deux F1 W05 Hybrid sont victimes d’un problème électronique qui met fin au fonctionnement de leur MGU-K, les privant de la bagatelle de 160 chevaux et d’un peu de puissance de freinage. Inéluctablement, le reste du peloton refait donc son retard petit à petit alors que se profile la seconde vague de changements de pneus.
Alors que les Force India marquent leur unique arrêt au 34ème tour pour Pérez et 41ème pour Hülkenberg, Bottas ouvre la seconde vague au 35ème tour, suivi par Vettel au 36ème – ce dont il se plaindra par la suite -, Ricciardo au 37ème, Button au 38ème, Vergne et Räikkönen au 39ème. Alonso et Rosberg s’arrêtent quant à eux au 44ème tour, mais l’arrêt de l’Allemand traîne à l’avant gauche et dure 4,5 secondes. Au tour suivant, Hamilton ressort donc du sien devant son coéquipier.
Ce 46ème tour devient un tournant du championnat. D’une part Felipe Massa, qui s’arrêtera deux boucles plus tard, devient le premier pilote à mener un tour en dehors des deux pilotes Mercedes. Mais surtout, l’arrêt aux stands de Lewis Hamilton a donné un coup fatal à ses freins : après une première alerte à l’épingle, grâce à laquelle Nico Rosberg repasse, son attaque en bout de ligne droite du retour se solde dans l’échappatoire, les freins étant définitivement hors-service. Contraint à l’abandon, le Britannique laisse donc son coéquipier, ralenti par cette bataille, reprendre la tête une fois le Pauliste repassé par les stands.
Rosberg devance donc après 49 tours Pérez (+1,2 seconde), Ricciardo (+1,9), Vettel (+2,8), Hülkenberg (+6,9), Bottas (+8,4), Massa (+9,7), Alonso (+11,1) et Button (+22,483) pour ce qui est du top 10. Distancés, Magnussen (+30,4), Räikkönen (+39,8), Grosjean (+54,9), Sutil (+1:03,3) et Gutiérrez (+1:06,2) devront bénéficier de casses pour espérer marquer des points.
Rapidement, la clé de la course apparaît : tant que Nico Rosberg, malgré son déficit de puissance et de freinage, pourra garder ses distances en réussissant à reprendre un peu d’air dans les deux premiers secteurs, et que Sergio Pérez, qui doit gérer ses pneus Tendres, fera bouchon, la course est promise au pilote Mercedes rescapé. À ce petit jeu, l’Allemand parvient dans un premier temps à tenir en respect le Mexicain, dont l’attention est davantage portée sur Ricciardo derrière lui.
Grâce à ses pneus plus frais que la concurrence, Felipe Massa remonte petit à petit : il dépasse successivement Bottas et Hülkenberg au 57ème tour et recolle au peloton de tête. Malgré tout, il bute sur Sebastian Vettel, alors que Valtteri Bottas connaît le sort inverse en se faisant dépasser coup sur coup par Alonso et Button dans la 60ème boucle.
Si le reste du peloton se neutralise, petit à petit, Sergio Pérez perd l’efficacité de ses pneus et de ses freins. Et au début du 66ème tour, Daniel Ricciardo est idéalement placé, dans l’aspiration de la Force India, et déboîte à l’extérieur du premier virage, terminant sa manœuvre de justesse une roue dans l’herbe à l’intérieur du virage 2. Libéré du bouchon mexicain, les premières données chronométriques tombent : l’Australien est aussi rapide dans le premier secteur que Rosberg, alors que ce dernier y assurait sa tranquillité sur le reste du tour et notamment les zones de DRS. Il faut donc moins de deux tours au transfuge de Toro Rosso pour revenir dans les échappements de la Mercedes et en disposer facilement à la fin du 68ème tour avant la dernière chicane. La course est gagnée pour le porteur du numéro 3 qui devient le 105ème pilote à inscrire son nom au rang des vainqueurs d’un Grand Prix de Formule 1.
Derrière, Pérez essaye de résister à Vettel dont les assauts sont également de plus en plus pressants. Le quadruple Champion du Monde trouve finalement la faille en toute fin du 69ème et avant-dernier tour, en déboîtant dans la poussière de manière autoritaire en bout de ligne droite du retour. Dans la foulée, Felipe Massa tente de prendre la 4ème place en attaquant dans le premier freinage, mais Sergio Pérez semble ne pas suivre la trajectoire du léger coude à droite qui le précède, alors qu’il freine et que le Brésilien n’a pas encore actionné sa pédale de gauche. Le contact est dans un premier temps léger, mais envoie les deux voitures percuter violemment les murs de pneus. Les deux malheureux seront classés à 1 tour, mais à des 11ème et 12ème positions qui les privent de points.
La voiture de sécurité est de nouveau déployée, mettant un terme à un Grand Prix à suspense et à rebondissements. Daniel Ricciardo devance finalement Nico Rosberg, qui fait la bonne opération au championnat en creusant l’écart avec Lewis Hamilton à 22 points. Vettel complète le podium devant le surprenant Jenson Button, qui termine quatrième à la faveur de l’accrochage Pérez-Massa et de deux dépassements, non montrés par un réalisateur complètement perdu, sur Nico Hülkenberg et Fernando Alonso, respectivement 5ème et 6ème à l’arrivée. Bottas, Vergne, Magnussen et Räikkönen complètent les points et les pilotes finissant dans le tour. Adrian Sutil se classe 13ème, devant son coéquipier Esteban Gutiérrez qui n’est pas arrivé au bout pour un problème de moteur.
À noter enfin les nombreux autres abandons sur problèmes mécaniques de Marcus Ericsson (8ème tour, turbocompresseur), Pastor Maldonado (22ème tour, moteur), Kamui Kobayashi (24ème tour, suspension arrière), Daniil Kvyat (48ème tour, moteur) et Romain Grosjean (60ème tour, aileron arrière).