Le SAV de la course du Grand Prix de Monaco 2014
|L’équipe du SAV de la F1 est revenue, dans un podcast en direct, sur la course du Grand Prix de Monaco 2014 remportée par Nico Rosberg (Mercedes), dont nous vous proposons le résumé grand format.
Le ciel est grisâtre sur la Principauté de Monaco mais la probabilité d’apparition de la pluie est faible – ce qui se traduira par une course disputée entièrement sur piste sèche au terme des 110 minutes de course – quand sonnent les deux coups de 14 heures, au moment où les monoplaces s’élancent de la grille pour le tour de formation. Une grille dont le 15ème emplacement reste occupé par la Lotus E22 de Pastor Maldonado, qui résiste à toute tentative de décollage. Ramenée au bout de la voie des stands, aux côtés de la Caterham de Marcus Ericsson, pénalisé suite à son accident avec Felipe Massa en Q1 le samedi, la monoplace issue de l’usine d’Enstone continue de se refuser aux mécaniciens noirs-et-beiges et ne prendra finalement pas part à ce Grand Prix de Monaco, pour un défaut de pompe à essence.
Les vingt monoplaces qui zigzaguent dans les rues de Monte-Carlo reviennent quant à elles à leur point de départ pour se disposer en quinconce sur le Boulevard Albert Ier, mais l’absence de la monoplace n°13 sème le trouble en fin de peloton : si, du côté gauche de la grille, Felipe Massa et Kamui Kobayashi respectent le règlement en se garant à l’emplacement qui leur était réservé l’origine, ce n’est pas le cas d’Esteban Gutiérrez, de Max Chilton et de Jules Bianchi, sur la droite de la piste, qui s’immobilisent 2 emplacements en aval du leur. Mis sous investigation par les commissaires sportifs, chacun en est quitte pour une pénalité de 5 secondes à observer lors d’un arrêt aux stands effectué en dehors d’une période de voiture de sécurité.
Entre-temps, les cinq feux rouges qui dominent la grille de départ s’éteignent et lâchent la meute pour 78 tours et 260 km. Au contraire des envols précédents, Nico Rosberg prend un bon départ et convertit sereinement sa pole position en première place à Sainte-Dévote. Les premiers virages se passent sans encombre et voient l’Allemand mener Lewis Hamilton, Sebastian Vettel, Kimi Räikkönen, Daniel Ricciardo, Fernando Alonso, Kevin Magnussen, Jean-Éric Vergne, Daniil Kvyat et Nico Hülkenberg pour ce qui est du top 10.
Cependant, un pilote se fait des sueurs froides dans la montée de Beaurivage, entre Sainte-Dévote et Massenet : sous sa pédale d’accélérateur, Fernando Alonso sent que son V6 Turbo hybride ne délivre pas toute sa puissance, mais heureusement pour lui, sa Ferrari F14 T retrouve son bon fonctionnement après le Casino. « Les moteurs électriques n’ont pas marché, je n’ai donc pas eu de puissance jusqu’au virage 3 [Massenet, ndlr], » déclarera l’Espagnol après la course. « J’ai pris une bonne impulsion mais je n’avais plus de puissance pour continuer d’avancer. Mais les McLaren bataillaient et la piste n’est pas vraiment droite, j’ai donc eu de la chance que personne d’autre ne m’ait dépassé. C’était bien plus stressant après le premier virage. Entre les virages 1 et 3, j’étais très, très lent et je m’inquiétais d’abandonner après le premier tour. Et puis soudainement, les moteurs électriques ont commencé à fonctionner. Si j’avais eu la peine puissance, j’aurais dû freiner de toute façon parce que je n’avais pas d’espace. J’ai essayé d’aller à gauche à un moment, mais Kimi avait pris un bon départ et il n’y avait pas la place. »
Les véritables problèmes commencent à Mirabeau, où Sergio Pérez et Jenson Button s’accrochent : le Mexicain se rabat sur son ancien coéquipier, ne l’ayant pas vu après s’être décalé pour attaquer Nico Hülkenberg. Si la McLaren continue son chemin sans gros dommage, la Force India part en toupie et percute les rails de sécurité avant de s’immobiliser définitivement. La direction de course décide alors de déployer de voiture de sécurité pour évacuer la monoplace numéro 11 de manière sûre. L’incident sera quoi qu’il en soit classé sans suite par les commissaires sportifs après la course.
L’épreuve est relancée au début du 4ème tour et d’emblée, Sebastian Vettel perd deux positions avant Sainte-Dévote, puis se fait dépasser par l’ensemble du peloton en l’espace d’un tour. Initialement irrité (« Sérieux, les gars… »), la quadruple Champion du Monde se ravise en n’accablant pas son équipe : « Je veux dire… Je suis sûr que vous essayez de faire tout ce que vous pouvez, donc bon… » Victime d’un problème de turbocompresseur sur son moteur hybride Renault, le natif d’Heppenheim ne peut que déplorer son impuissance face à la litanie de problèmes qui touche sa RB10 depuis le début de saison : « C’est décevant. J’ai pris un bon départ, et puis nous avons perdu de la pression de suralimentation, je n’avais donc pas de puissance et j’ai dû abandonner. L’équipe a fait tout ce qu’elle pouvait. Je me suis senti plutôt impuissant dans la voiture, je demandais donc une réponse sur ce que je pouvais faire, mais il n’y en avait pas à ce moment-là. Nous avons corrigé quelques problèmes hier avec les systèmes de récupération d’énergie, mais d’autres sont apparus aujourd’hui avec le turbo, mais nous irons de l’avant et la situation sera bientôt bonne pour nous. »
Et après les problèmes de Pastor Maldonado et de Sebastian Vettel, le Losange continue de déchanter quelques boucles plus tard avec un autre de ses clients : 8ème juste derrière son coéquipier Jean-Eric Vergne, Daniil Kvyat voit à son tour sa monoplace perdre de la performance et doit renoncer à cause du système d’échappement de sa Toro Rosso. Ce Grand Prix de Monaco se révélera fidèle à sa réputation de casse-voitures avec 10 abandons.
Si par la nature du circuit, les positions évoluent peu, un homme anime la fin de peloton dans la lignée du sa course monégasque de 2013 : Adrian Sutil, 20ème et dernier à la relance, gagne trois positions sur Romain Grosjean, Marcus Ericsson et Max Chilton, les deux premiers dépassements étant des manœuvres autoritaires à l’épingle du Loews, dont la réussite a nécessité la bonne volonté de leur proie, et le troisième se déroulant à la chicane du port. Las, c’est cette même chicane qui voit la course de « #SuperSutil » – son surnom sur le compte Twitter de Sauber – s’arrêter après 23 tours, le porteur du numéro 99 commettant une erreur classique du circuit du Monaco, sur la fameuse bosse en sortie du tunnel qui aura piégé tant de pilotes au fil des années. Dans son malheur, le pilote Sauber bénéficie du recul des barrières de la chicane d’une quinzaine de mètres réalisé il y a quelques années, qui lui évite un second impact.
La voiture de sécurité est en tout cas de retour en piste et provoque la rentrée aux stands de 14 des 17 voitures rescapées, certains anticipant même sa sortie en rentrant un tour avant les autres. Seuls Romain Grosjean et Max Chilton, qui se sont déjà arrêtés, à deux reprises même pour le Franco-Suisse, et Felipe Massa, qui tente une stratégie décalée, restent en piste. Une salve d’arrêts aux stands qui voit Jean-Eric Vergne être relâché de manière dangereuse devant Kevin Magnussen, et la sanction ne manquera pas de tomber après la relance, le Francilien devant s’acquitter d’une drive through. De même, Jules Bianchi, qui n’a pas anticipé la sortie de la voiture de sécurité, observe sa pénalité de 5 secondes alors qu’elle est en piste – au contraire d’Esteban Gutiérrez rentré un tour avant – ce qui n’est pas autorisé. Il se voit donc infliger une nouvelle pénalité de 5 secondes, qui du fait de sa stratégie à un seul arrêt, sera ajoutée à son temps de course total.
À l’avant, l’ambiance chauffe dans la radio de Lewis Hamilton qui fait part de ses doutes sur sa stratégie : « Pourquoi ne m’avez-vous pas fait rentrer le tour précédent ? », « Pouvez-vous m’informer de mes prochaines options ? », ou encore « On aurait dû s’arrêter lors de ce tour. Je savais qu’on aurait dû, » s’est notamment écrié le porteur du numéro 44.
Les neutralisation fait par ailleurs deux autres victimes, en les personnes de Kimi Räikkönen et Max Chilton. Le Britannique, autorisé à récupérer son tour de retard tout comme Romain Grosjean et Marcus Ericsson, s’accroche avec le Finlandais sous le tunnel. Les deux malheureux doivent rentrer aux stands pour changer leurs pneus crevés et repartent englués dans le peloton, mais le pilote Marussia n’a pour sa part pas pu récupérer son tour de retard.
Avant la reprise, Rosberg devance toujours Hamilton, Ricciardo, Alonso, et Massa. Suivent Vergne, Magnussen, Hülkenberg, Button et Bottas pour le top 10. Gutiérrez, Kobayashi, Raïkkönen et Bianchi sont en embuscade, et devancent Grosjean et Ericsson, revenus dans le tour. Max Chilton ferme la marche à un tour.
À la relance, Kevin Magnussen dépasse Jean-Eric Vergne avant que cela soit permis, à la ligne de Safety Car 1, située à l’entrée des stands. Mais le Danois échappe à une pénalité en laissant repasser le Français deux tours plus tard, et se fait piéger dans la foulée par Nico Hülkenberg au Portier, l’Allemand récupérant la 7ème place. Il est même virtuellement 5ème puisque Felipe Massa doit encore s’arrêter et que Jean-Eric Vergne doit s’acquitter de son drive through.
En tête, les Mercedes creusent rapidement l’écart et il devient évident que, sauf incident, la victoire ne pourra pas leur échapper, Daniel Ricciardo et Fernando Alonso perdant petit à petit du terrain sur les Flèches d’Argent. C’est dans le peloton que la bagarre fait rage : à la fin du 35ème tour, Kamui Kobayashi se voit débordé tour à tour par Kimi Räikkönen et Jules Bianchi à la Rascasse. Le Niçois passe en utilisant la Caterham du Japonais comme un chausse-pied, mais ni la direction de course ni les commissaires ne trouveront à redire aux trois légers contacts entre les deux voitures. Le porteur du numéro 10, 12ème à la relance, sera le grand perdant de la fin de course : voiture endommagée, il perdra de nouveau deux positions face à Romain Grosjean et Marcus Ericsson, finira à 3 tours du vainqueur et se plaindra du comportement en piste de Jules Bianchi.
La course monégasque est toujours aussi difficile, et les abandons se succèdent : Jean-Éric Vergne, après l’arrêt de Felipe Massa, ce dernier ressortant 11ème entre Räikkönen et Bianchi, a beau revenir en piste en 13ème place après sa pénalité, il doit stopper sa course au 51ème tour pour le même problème d’échappement que son coéquipier. Chose de plus en plus rare, le 56ème tour voit un moteur rendre l’âme dans un panache de fumée, et il s’agit du bloc Mercedes de Valtteri Bottas. Enfin, Esteban Gutiérrez termine sa course en arrachant sa roue arrière droite à la Rascasse au 60ème tour, mais par miracle, ne provoque pas le retour de la voiture de sécurité.
La course s’anime également à l’avant à cause un problème inattendu : dans le 65ème passage dans le Tunnel, Lewis Hamilton reçoit une poussière dans l’œil, ce qui l’empêche de piloter convenablement : d’1,6 seconde, l’écart passe directement à 3,9 secondes au tour suivant, et continuera d’augmenter pendant plusieurs tours. Daniel Ricciardo revient donc sur le Britannique, dont la gène s’estompe petit à petit. Mais l’étroitesse du tracé monégasque est sans pitié, et l’Anglais parvient finalement à tenir sa deuxième place.
La dernières positions se jouent au 73ème tour : Kimi Räikkönen tente de dépasser Kevin Magnussen dans l’épingle du Loews, mais force les deux monoplaces à s’arrêter avant de toucher les rails extérieurs. La Finlandais sera jugé responsable de l’incident et écopera d’une réprimande. Cela profite en tout cas à Button, Massa, Bianchi et Grosjean qui gagnent des positions et des points supplémentaires.
Nico Rosberg remporte donc ce Grand Prix de Monaco devant Lewis Hamilton et Daniel Ricciardo. Suivent Fernando Alonso, Nico Hülkenberg, Jenson Button et Felipe Massa. Huitième sur la piste, Jules Bianchi se classe 9ème, derrière Romain Grosjean, suite à sa pénalité de 5 secondes, mais rapporte à Marussia les premiers points de sa courte histoire. Kevin Magnussen parvient malgré son accrochage à marquer le dernier point disponible. Il devance Marcus Ericsson, Kimi Räikkönen, Kamui Kobayashi et Max Chilton.
Quel est, selon vous, le fait marquant du Grand Prix de Monaco 2014 ?
- Bianchi et Marussia, deux points qui valent une victoire (78%, 103 votes)
- Rosberg vs Hamilton : le duel qui fait pschit ! (11%, 15 votes)
- Vettel a définitivement hérité du chat noir de l'écurie ! (8%, 11 votes)
- Vergne : "Qu'on lui change son équipe de ravitaillement !" (2%, 3 votes)
132 votants
Plusieurs fautes de frappe mais un résumé d’une grande justesse, long (c’est la première fois que je prend le temps d’en lire un ici) mais très détaillé et surtout, précis.
Ce grand-prix méritait vraiment que l’on y revienne à froid, la lecture à chaud des événements n’ayant pas forcément été simple pour plusieurs raisons.
Merci à Gusgus, je vais maintenant écouter l’émission 🙂
Finalement le GP de Monaco était bien meilleur que le GP du Bahrein :p 😉 . En tout cas je me suis vraiment régaler devant ce GP, juste dommage que Ricciardo n’est pas grillé Hamilton. Par contre je reste choqué de voir une marussia dans les points ^^
Très bonne idée, le coup du permis à point pour les équipes. Ca permet de ne pas trop pénaliser le pilote lui même lors de la course.