Ces circuits inédits qui pourraient accueillir la Formule 1
|Vous le savez, dans le SAV, nous vous parlons souvent de destinations possibles pour le calendrier de la F1. Très souvent, ces bruits ne se concrétisent jamais, faute de réel projet, faute de sérieux, faute de fonds, faute de volonté sur la durée… Mais nous ne parlons quasiment jamais des circuits déjà existants et qui sont en capacité d’accueillir la Formule 1. Voici donc un petit tour d’horizon de ces tracés inédits où la discipline reine pourrait se rendre.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, posons-en le cadre immédiatement : notre présentation prend racine dans un document, la très officielle liste des circuits agréés par la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA). Elle référence l’ensemble des circuits existants qui ont fait l’objet d’une inspection et qui ont été classés en différents grades allant du Grade 1 au Grade 6. Le Grade 1 regroupe l’ensemble des tracés jugés capables d’accueillir un Grand Prix de F1, car ils respectent un certain nombre de critères en matière d’infrastructures et de sécurité.
Evidemment, l’obtention de cet agrément est un préalable à l’organisation d’une manche du Championnat du Monde de Formule 1, mais visiblement pas à l’inscription au calendrier puisque l’on se souvient notamment que le Circuit sud-coréen de Yeongam avait été homologué dans les jours qui avaient précédé sa première édition en 2010 et aussi parce qu’à la version du 2 juin 2015 de la liste, les circuits de Mexico (2015) et de Bakou (2016) n’y figuraient toujours pas.
Au Grade 2, parmi les lieux privés de F1, sauf s’ils se lancent dans des travaux importants, se trouvent de prestigieuses étapes, dont la plupart ont accueilli le grand cirque, comme Brands Hatch, Dijon-Prenois, Donington Park, Laguna Seca, Le Mans, Long Beach, Watkins Glen ou Zandvoort. Au Grade 3, l’on retrouve le redoutable Nürburgring version Nordschleife.
Nous nous intéresserons donc aux circuits de Grade 1 mais qui n’ont jamais accueilli de Grand Prix de Formule 1.
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L’Autodrome International du Mugello (Italie)
À tout seigneur tout honneur, commençons par le circuit dont le bitume a déjà été limé par des Formule 1, hors compétition officielle. Propriété de Ferrari et pouvant accueillir 50 000 personnes, la piste de 5,245km (dont le tracé actuel date, à peu de choses près, de 1974) a longtemps servi à faire tourner les monoplaces de la Scuderia en essais privés, quand ceux-ci étaient moins réglementés. En parallèle, elle a accueilli plusieurs manches de formules de promotion telles que la Formule 2 entre 1974 et 1984 ou encore la Formule 3000, plus irrégulièrement, entre 1986 et 2000.
Récemment, le tracé toscan a été le théâtre d’essais privés F1 au cours de la saison 2012. Interrogé par Autosport dans le cadre de ces tests, Vitaly Petrov, alors pilote Caterham, s’était inquiété de la sécurité : « Je ne pense pas que nous aurions dû venir ici. Ce n’est pas assez sûr et large. Si on perd le contrôle, les murs sont trop près et on percute les pneus. Ce n’est pas pour la Formule 1, et si on perd la direction ou que la pression d’un pneu chute, il y aura un gros accident. » Ce à quoi Mark Webber, alors pilote Red Bull, avait répondu sur Twitter : « J’ai fait 10 tours [du Mugello], ce qui correspond à 1 000 tours du circuit d’Abu Dhabi en termes de satisfaction. » De son côté, Sebastian Vettel, alors double champion du monde, avait déclaré : « Malheureusement ce circuit n’est pas au calendrier. C’est un tracé incroyable avec beaucoup de virages à hautes vitesses. »
Did 10 dry laps today around Mugello, which is the same as doing 1000 laps around Abu Dhabi track in terms of satisfaction.#realtracks #fast
— Mark Webber (@AussieGrit) 1 Mai 2012
Le Mugello est le cadre du Grand Prix moto d’Italie qu’il accueille sans discontinuer depuis 1994 après l’avoir fait de manière très épisodique entre 1976 et 1992.
Pour vous donner une idée, voici une vidéo en caméra embarquée avec Marc Gene au volant de la Ferrari 412T2 (1995) et de son moteur V12 réalisée en mars dernier :
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Le Circuit International de Buriram (Thaïlande)
Les rumeurs autour d’un Grand Prix de Thaïlande ont fleuri ces dernières années, le projet le plus souvent évoqué étant d’organiser une course dans les rues de Bangkok, possiblement de nuit. Pourtant, l’État asiatique possède depuis peu un tracé qui dispose déjà du Grade 1 permettant de faire venir la F1. Evidemment, il parait moins clinquant qu’un potentiel circuit urbain et nocturne dans la capitale du pays.
Construite à partir de mars 2013, sous la direction d’une veille connaissance, un certain Hermann Tilke, et ouverte en 2014, la piste thaïe (aussi appelée « Chang International Circuit », en rapport avec son sponsor principal, les bières Chang) a déjà accueilli plusieurs événements d’importance, dont la seconde manche du Championnat du Monde 2015 de Superbike, et sera le théâtre, en novembre prochain, de l’avant-dernière épreuve du calendrier de WTCC.
Ce tracé de 4,554km possède une particularité saisissante : l’objectif initial était que les 50 000 spectateurs des tribunes principales puissent voir quasiment tout le circuit depuis leur position. Pari réussi, mais pour cela il a fallu innover au niveau des stands : les garages sont en effet situés sous les tribunes. L’ensemble forme un bâtiment immense qui domine véritablement la piste. Comme rien n’est fait par hasard et que le tracé espère pouvoir attirer les disciplines phares que sont la F1 et/ou la MotoGP, une configuration nocturne répondant aux critères de la FIA a été prévue dès sa construction.
Buriram Circuit Added to Asian LMS Calendar http://t.co/ozBSnETwDr @AsianLMS #AsianLMS pic.twitter.com/QbtM8NWugB
— Sportscar365 (@sportscar365) 20 Avril 2015
Pour vous donner une idée, voici une vidéo en caméra embarquée avec Jakkrit Sawangswat, pilote thaïlandais en AARC (et malheureusement victime d’un grave accident en juin dernier dont il récupère doucement), au guidon d’une Honda CBR600R réalisée en novembre 2014 :
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Le Moscow Raceway (Russie)
La volonté russe d’organiser un Grand Prix de Formule 1 ne date pas d’hier. Déjà, dans les années 1980, l’idée fut envisagée, sans grand succès. Même chose au début des années 2000. Il faut attendre 2008 pour que la construction d’un circuit digne de ce nom ne débute réellement à moins d’une heure trente de Moscou. Initialement prévue pour intégrer le calendrier dès 2010, la manche russe fut balayée d’un revers de main par Bernie Ecclestone et la construction cessa donc début 2009. Elle reprit finalement en juin 2010 pour s’achever en juillet 2012.
Or, entre temps, et dans la perspective des Jeux Olympiques d’hiver à Sotchi en 2014, la station balnéaire avait pris l’avantage pour l’organisation d’un GP et bien que le Moscow Raceway fût opérationnel, il ne reçut que le Grade 2+1(T) de la FIA, ne l’autorisant à accueillir que des essais privés de F1. Même chose du côté moto où il fut affublé du Grade B, insuffisant pour recevoir la MotoGP mais pas le Superbike. Et, malheureusement, lors de la toute première épreuve de World Supersport courue sur cette piste, Andrea Antonelli se tuera sous une pluie diluvienne. Le circuit sera pointé du doigt, notamment en raison de son drainage jugé défaillant, même si la Dorna, promotrice de la discipline, a rejeté ces accusations.
Добрый день! Нашли в архивах фото @moscowraceway с высоты птичьего полета)) / Birds eye view #DTM 2013 pic.twitter.com/Aqds9hxChH
— Moscow Raceway (@moscowraceway) 12 Mai 2015
Depuis, ce tracé, dont la longueur varie entre 3,55 et 4,07 kilomètres selon la configuration retenue et qui peut accueillir 30 000 spectateurs, a bien obtenu le Grade 1. Lui aussi dessiné par Hermann Tilke, il a comme particularité dans sa spécification « Grand Prix » de permettre aux pilotes, après deux premiers secteurs techniques, de rouler sur une ligne droite de retour longue de 873 mètres avant le freinage du dernier virage où la vitesse de 310 km/h pourrait possiblement être atteinte.
Pour vous donner une idée, voici une vidéo en caméra embarquée avec Gabriele Tarquini, ancien pilote F1, au volant de la Honda Civic de WTCC, réalisée en juin dernier :
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L’Autodrome de Dubaï
Construit à partir de 2002 et terminé en 2004, ce tracé de 5,390km et pouvant accueillir jusqu’à 15 000 spectateurs fut un pionnier en matière de sécurité. Il fut ainsi l’un des premiers circuits gradés par la FIA à systématiser les larges dégagements asphaltés, à une époque où cette tendance n’en était qu’à ses balbutiements, mais aussi à mettre en place un système de surveillance digital couvrant l’ensemble du circuit aussi bien en piste qu’à côté pour permettre d’améliorer le travail de la direction de course.
Cependant, avec l’arrivée de Bahreïn au calendrier en 2004 puis celle d’Abu Dhabi en 2009, Dubaï n’a jamais vraiment été considérée comme une destination potentielle pour la Formule 1, bien moins en tout cas que le Qatar, construit à la même époque. Ainsi, le tracé dubaïote a décidé il y a quelques années de se positionner comme une vitrine du sport automobile des Émirats Arabes Unis au moins au niveau national, avec l’accueil de disciplines comme le FIA GT, la GT3, le GP2 Asia, la Clio Cup mais surtout des 24 heures de Dubaï en tout début de saison.
Get on your bike! Cycle FOC in a safe environment every Wed with #RevolutionNights @Dubai_Autodrome Held 6-9pm pic.twitter.com/2Y0ALs4zbY
— CitiSpi (@CitiSpi) 6 Octobre 2014
Construit dans le désert, suivant les dessins de Clive Bowen, le tracé n’en est pas moins vallonné et les pilotes en ont généralement un avis plutôt positif. Et puis, comme souvent dans cette partie du monde, si la construction originale était plutôt isolée, elle a, avec le temps, été rattrapée par la ville de Dubaï, l’y intégrant un peu plus chaque année.
Pour vous donner une idée, voici une vidéo en caméra embarquée sur une Nissan NISMO 370Z pilotée par l’Américain Nick McMillen, membre de la GT Academy, réalisée en janvier 2014 à l’occasion des 24 heures de Spa qu’il a remporté :
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Le Circuit International de Losail (Qatar)
Sorti de sable en moins d’un an, le tracé du Losail fut fin prêt pour accueillir son premier événement d’envergure : le Grand Prix moto du Qatar en octobre 2004. C’est d’ailleurs avec la moto en tête qu’il fut dessiné et construit avec comme particularité d’être entouré d’une pelouse artificielle pour éviter que le sable ne s’aventure sur la piste. Sa capacité est très faible avec 8 000 spectateurs maximum. Très populaire parmi les motards, avec un mélange de virages moyennement et très rapides, il s’est doté à partir de 2007 d’un éclairage permettant d’organiser des courses nocturnes, comme c’est le cas en MotoGP depuis 2008.
Losail Qatar Circuit pic.twitter.com/U1Nfzti6rb
— Aditya H.Widarsa (@widheGessa) 23 Mars 2014
Des voitures ont aussi roulé en compétition sur cette piste : l’éphémère Grand Prix Masters s’y rendit en 2006, avec une victoire de Nigel Mansell à la clé, tout comme le GP2 Asia, en 2009, voyant la victoire de Nico Hülkenberg dans la première course et de… Sergio Pérez – ça ne s’invente pas – dans la seconde.
Récemment, le Qatar a semblé tout proche d’intégrer le calendrier de la Formule 1, pas forcément avec le Losail : en effet, un projet fut envisagé dans les rues de la capitale du petit État, Doha. Nasser Al-Attiyah, le président de la Fédération automobile qatarie, avait même indiqué qu’il ne manquait plus que la signature du contrat avec la FOM. Or, une clause permet à la fois à Bahreïn et à Abu Dhabi de freiner l’arrivée d’une troisième date dans la région, ce qui semble avoir été le cas ici.
Pour vous donner une idée, voici une vidéo en caméra embarquée sur une Ducati de la saison 2015 de MotoGP réalisée en mars 2015 :
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Dubai je l’avais sur Project Cars, super circuit. Article bien sympa Fab 😉
Merci 🙂