Dietrich, faut qu’on parle !

Cher Dietrich,

Tu permets que je sois familier avec toi, après tout nous partageons la même passion un dimanche sur deux depuis quelques années maintenant. Enfin quand je parle de passion commune j’exagère sans doute.

Cela a probablement été vrai à une époque, pas si lointaine d’ailleurs. Celle où ton équipe dominait outrageusement la F1, ridiculisant parfois la concurrence comme à Singapour ou Abu Dhabi en 2013. Une saison qui voyait Sebastian Vettel décrocher un quatrième titre mondial consécutif. « Souvenez-vous de ces moments ! » disait alors le chef de file de ta pouponnière pour jeunes pilotes.

Depuis Vettel est parti relever un nouveau défi chez Ferrari et les souvenirs font partie de l’histoire ancienne. Celle qu’on racontera dans 20 ou 30 ans, nostalgique. Mais aujourd’hui les succès passés ne comptent pas ou plus. Red Bull a soif de champagne et l’ivresse de la victoire lui manque. Ne reste que la frustration de ne plus y parvenir, l’aigreur de l’échec. Un passage obligé pour toute équipe. Lotus a dominé la F1 sous Chapman avant de s’effondrer progressivement. McLaren a écrasé la fin de la décennie 1980 comme jamais, avant de voir Williams revenir comme une fusée avec un moteur Renault, tiens tiens. Sans oublier Ferrari qui a dû ronger son frein pendant 20 ans avant d’ajouter une couronne pilote à son palmarès et qui depuis 2007 passe à côté, parfois d’un rien.

L’histoire de la Formule 1 est faite de cycles. Celui de Red Bull est passé et aujourd’hui c’est au tour de Mercedes de récolter les lauriers. Cela ne veut pas dire que le taureau rouge ne reviendra pas de plus belle à l’avenir. Mercedes ne restera pas imbattable éternellement. Encore faudra-t-il que tu fasses le dos rond, acceptant le fait qu’on ne gagne pas à tous les coups. Que tu aies la patience et l’intelligence de remettre l’ouvrage sur le métier. Battre Mercedes, voilà un beau défi !

« Renault a tué notre motivation et notre joie d’être en F1. » rien que ça. Voilà qui dépasse toutes les saillies du docteur Helmut qui ne se prive pourtant pas pour cracher sur le motoriste à la moindre occasion. Ne pas gagner fait du tort à Red Bull ? Financièrement il est certain qu’il y a un manque à gagner mais ce n’est pas le plus gros déficit de ton équipe en ce moment. C’est son image qui en pâtit le plus et Renault n’y est pas pour grand chose. Cela dit le motoriste français ne semblait pas y être pour beaucoup lorsque les RB6, 7, 8 et 9 d’Adrian trustaient les premières places sur les grilles et les podiums. Pourtant aujourd’hui on ne parle plus que de la marque au losange du côté de Milton Keynes.

Il est facile d’être beaux joueurs lorsqu’on gagne. Une fois le drapeau abaissé, on se donne une tape dans le dos, on se congratule avant d’aller sourire devant les caméras. Mais c’est dans l’adversité que l’on peut juger la qualité d’un adversaire. À ce petit jeu tes ouailles sont clairement perdantes et de loin. Même les petits gars de chez Manor méritent plus de respect que ton équipe titrée. Ils viennent sur chaque circuit, sachant n’avoir aucune chance de signer une performance de choix, la FOM de Bernie les boude parce qu’il ne veut pas voir ces mendiants. Pourtant eux sont animés par la passion du sport, toi c’est la passion du gain qui t’anime. Et tu voudrais faire venir Audi en F1 ? Je me marre.

Pars Dietrich, pars vendre tes canettes à travers le monde. Va dépenser ton argent ailleurs, organise des courses de caisses à savon dans ton jardin pour ton bon plaisir et laisse la F1 tranquille. La seule chose regrettable serait de pousser Renault, constructeur qui a marqué la discipline à différentes époques, à faire de même. Que ton manque de passion ait raison de la leur.

PS : Par contre n’hésite pas à vendre ton équipe au Docteur Ullrich, nul doute qu’il saura en faire bon usage…

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