Bahreïn 2015 – Preview : Mercedes, tempête ou marchand de sable en vue ?

Avant le début du Grand Prix de Bahreïn, l’équipe du SAV de la F1 vous propose sa présentation de la quatrième manche de la saison 2015 du Championnat du Monde de Formule 1.

Le circuit

Le Circuit International de Bahreïn est un peu un circuit Gilles-Villeneuve avec du sable autour, sans murs et sans public. Cette description dépréciative est un peu violente, je vous l’accorde, mais regardons les choses en face !

L’analogie est due au profil du tracé, très porté sur l’accélération-freinage. Le circuit est entrecoupé de non moins de quatre longues lignes droites : sur le tour qui lui a valu la pole position en 2014, Nico Rosberg y a systématiquement dépassé les 295 km/h. Puissance moteur exigée ! Les virages se trouvant au bout des ces pleines charges se prenant à vitesse relativement basse, cela demande de ralentir assez copieusement, ce qui met les freins à rude épreuve, puis nécessite de la souplesse moteur et de la traction en sortie de virage.

Mais deux circuits ne sont jamais réellement identiques et la ressemblance avec le Canada s’arrête là. La localisation en plein désert accouche de températures qui mettront au défi la fiabilité des mécaniques et la tenue des pneumatiques, ce qui amènera sans doute son lot de rebondissements. Le tracé québécois est jonché de chicanes, exercice compliqué qui nécessite qu’une monoplace fasse preuve de qualités contradictoires (souplesse pour le passage des vibreurs, fermeté la rapidité du changement de direction), et d’épingles. À Sakhir, point de chicane : toutes les courbes se passent sous les 175 km/h (vitesse de passage en qualifications du virage 6, le plus rapide, en 2014), la majorité autour des 120-130, et les trois épingles (1, 8 et 10) entre 65 et 85, donc avoir beaucoup d’appui ne sera pas d’un grand secours.

Si vous avez bien suivi jusque là, nous avons, pour récapituler : des fortes chaleurs, qui mettent à rude épreuve les pneus et la mécanique ; une usure des freins prononcée par les caractéristiques du tracé ; un moteur qui doit faire preuve de reprise pour bien sortir des virages lents mais aussi de puissance pour bénéficier des nombreuses lignes droites ; des virages moyens-lents qui n’utilisent pas beaucoup l’aérodynamique. Donc un tracé visiblement conçu pour emmerder Red Bull cette année !

Sinon, la plupart des virages n’a malheureusement pas réellement de caractéristique marquante. Notons tout de même le sympathique enchaînement 5/6/7 et les freinages en appui et en dévers des virages 10 et 14, dont le point de corde est par conséquent difficile à attraper. On n’est donc pas en présence d’une référence, sans que le tracé soit désespérant comme le sont les circuits de Sotchi, d’Abu Dhabi ou… de Sakhir en 2010 ! En effet, à cette occasion, le développement avait été rallongé avec une section composée uniquement de virages lents sans aucune possibilité de dépassement, et qui émasculait l’actuel virage 6. Cela avait participé au déroulement d’un des Grands Prix les plus ennuyeux de l’histoire de la discipline, à la date où elle avait choisi de célébrer ses 60 ans…

Justement, niveau spectacle, le profil abandonné le temps de cette purge a un certain potentiel – pas toujours transformé – pour donner de bons Grands Prix, les successions de lignes droites et de virages lents devant favoriser les dépassements. Il l’a confirmé comme jamais auparavant avec l’édition exceptionnelle de l’année dernière (voir résumé ci-dessous et notre compte-rendu extra-large de l’époque), que je considère pour ma part comme un des plus beaux Grands Prix de l’Histoire de la F1, une idée qu’avait défendu notre ex-chroniqueur Dino dans une chronique. Reste qu’on a aussi vu quelques mornes processions. Je signe donc des deux mains les yeux fermés pour une course qui ne serait que moitié moins belle !

Gusgus

Les enjeux

À Shanghai, il faisait chaud. Mais pas assez chaud pour vraiment gêner les Mercedes qui ont finalement tenu leur rang. À Sakhir, il devrait faire chaud mais il fera surtout nuit et dans ces conditions, difficile d’imaginer que les performances des Flèches d’Argent vont en pâtir, d’autant qu’elles ont prouvé que la tenue des pneus n’était pas un problème en conditions normales de course. La véritable inconnue, c’est que la bataille interne a repris entre un Lewis Hamilton à qui tout sourit – même la communication, dingue – et un Nico Rosberg ronchon et revanchard. Un an après leur mémorable duel roues contre roues qui s’était terminé dans une accolade, les deux hommes arriveront en terre bahreïnie dans un état d’esprit tout autre, pendant que nous espérerons une production similaire.

Derrière – mais pas trop, trop loin quand même – les Ferrari demeurent en embuscade en qualité de seules monoplaces capables de mettre la pression sur les deux étoiles. Si Sebastian Vettel l’a prouvé aisément avec trois podiums dont une victoire, Kimi Räikkönen devra repousser ses limites, s’engager dans une lutte de tous les instants pour… bien se qualifier et ainsi pouvoir envisager un podium. Envisager un podium est précisément ce que Williams ne peut pas faire, coincées que sont les FW37 dans le no man’s land entre le duo de tête et le magma du ventre mou. Bahreïn n’était pas réputé pour ses Grands Prix fous à rebondissements, l’on voit mal comment Felipe Massa et Valtteri Bottas pourraient monter sur la boîte et goûter à l’eau de rose.

La hiérarchie du milieu de peloton demeure fluctuante même si le GP de Chine a confirmé que Lotus s’est rachetée une ambition en même temps qu’un moteur Mercedes. Romain Grosjean a démontré que le rythme de l’E23 Hybrid n’avait rien à envier à celui des C34, STR10 et RB11 et qu’il n’avait lui-même rien à envier à son équipier qui, non-content de faire de grossières erreurs, n’est pas en réussite et ne termine aucune course… un peu comme les voitures motorisées par Renault. Alors non, tout n’est pas de leur faute – et notamment les performances de Red Bull – mais quand même, trois moteurs en trois jours, ça fait désordre. La lutte entre les écuries sœurs devrait logiquement se poursuivre avec toujours en accompagnement l’étonnante Sauber qui permet à ses pilotes de s’installer relativement tranquillement dans le top 10, grâce notamment à un bloc hybride plus fiable.

En fond de grille, les Force India demeurent trop justes pour espérer mieux qu’un concours de circonstances et, en l’absence d’évolutions, voient revenir les McLaren aujourd’hui en capacité de terminer les courses et de se mêler à quelques petites batailles si le déroulement des GP le permet. Difficile toutefois d’envisager les points vu la densité du plateau devant eux. Manor, enfin, a stabilisé son déficit de performance en qualifications et passe allègrement sous la barre des 107% avec les deux voitures au départ.

Sans plus attendre, voici donc les questions auxquelles le GP de Bahreïn devrait répondre :
– Si la course est encore meilleure qu’en 2014, sera-ce un Sakhir royal ?
– Maldonado va-t-il… peut-il… euh… sérieux, c’est pas un genre de caméra cachée ?
– Hamilton va-t-il rouler trois secondes en dessous du temps des Manor pour emmerder Rosberg ?
– Un cessez-le-feu entre Red Bull et Renault est-il envisageable ?
– Les Williams ne verront-elles d’autres formes de vie qu’aux stands ?

Et celles auxquelles il ne devrait pas répondre, ou alors par accident :
– Au fait, comment vont les opposants au régime ?
– L’attitude de Rosberg mériterait-elle l’intervention de Pascal le grand frère ?
– Est-ce que Mercedes cache ici tous les grains de sable dans sa comm’ ?
– Après le dos, Bottas va-t-il se flinguer le Bahreïn ?
– Est-ce que Leclerc est vraiment moins cher qu’Auchan, Carrefour ou Super U ?

Fab007

Les infos indispensables

Tracé du Circuit de Shanghai

Le DRS. Deux zones DRS seront mises en place à Sakhir : la première sur la ligne droite de retour entre les virages 10 et 11, avec un point de détection après le virage 9, et la seconde sur la ligne droite de départ/arrivée, avec un point de détection juste avant le virage 15.

Le commissaire-pilote. Pour cette course, le quatrième membre du collège des commissaires sera Mika Salo, ancien pilote Lotus, Tyrrell, Arrows, BAR, Ferrari, Sauber et Toyota dans les années 90 et 2000. Le Finlandais avait déjà opéré à ce poste au Grand Prix de Bahreïn 2013, mais aussi l’an dernier lors du Grand Prix du Japon.

Le Grand Prix 2014. Hamilton vs Rosberg, Round 1. La course de Sakhir nous offre le premier grand moment de la saison avec la lutte intense des pilotes Mercedes pour la victoire, du premier virage (où l’Anglais chipera la première place à son coéquipier parti en pole) à la fin de la course. Ils seront bien aidés en cela par Maldonado, qui enverra Gutiérrez faire un spectaculaire tonneau, et causant une Safety Car resserrant les places en fin de course. Finalement Rosberg ne réussira jamais à passer devant Hamilton, qui continue sa remontée au championnat depuis l’échec de l’Australie. Derrière, les Force India dominent le reste du monde et se classent 3ème et 4ème. Ce podium de Pérez est le deuxième de l’histoire de l’équipe indienne.

Les troisièmes pilotes. Pour ce Grand Prix, le Britannique Jolyon Palmer sera de nouveau au volant de la Lotus E23 ce vendredi matin, il devrait encore une fois remplacer Romain Grosjean.

Les horaires du GP.
Essais libres 1 : vendredi 17 avril, à 13h00.
Essais libres 2 : vendredi 17 avril, à 17h00.
Essais libres 3 : samedi 18 avril, à 14h00.
Qualifications : samedi 18 avril, à 17h00.
Course : dimanche 19 avril, à 17h00.

Les rendez-vous du SAV.
Top/Flop des essais libres : samedi 18 avril, après les EL3.
SAV des qualifications : samedi 18 avril, 21h00 en direct (podcast publié dans la foulée).
Début du vote pour le Quinté± : dimanche 19 avril, juste après la course.
SAV de la course : lundi 20 avril, 20h30 en direct (podcast publié mardi 21 avril).

Shinji

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