Australie 2015 – Le SAV des qualifications, en direct
|À 18h, vous pourrez écouter en direct notre émission revenant sur les qualifications du Grand Prix d’Australie de F1 2015 et la pole position de Lewis Hamilton (Mercedes) devant Nico Rosberg (Mercedes) et Felipe Massa (Williams-Mercedes). En attendant, nous vous proposons les faits marquants de cette séance.
Mise à jour : le podcast de cette émission est disponible ici !
Q1 : La mayonnaise McLaren-Honda ne prend pas
Un peu de cuisine pour commencer ! Prenez une écurie historique qui sort de plusieurs saisons loin de ses ambitions de triomphe, mais qui voit arriver dans ses rangs des éléments compétents. Mélangez avec un ancien partenaire revanchard après un dernier passage catastrophique, mais qui, à un an près, a vu la cour des grands lui échapper, et dont l’expertise vous a déjà fait connaître un succès retentissant. Jusqu’ici, tout va bien, vous touillez amoureusement un appareil fluide, sans grumeaux et qui dégage un délicat fumet de victoire et de lutte pour le titre.
Maintenant, incorporez la préparation dans un moule enduit d’une technologie complexe et encore loin d’être éprouvée, même en Allemagne. Saupoudrez d’un design très agressif qui, à thermostat constant, fera quand même monter la température du four, d’un matériel composé de purée de pignons mal huilés et de durites lâches, et d’un logiciel développé dans les standards de qualité de Windows Millenium Edition mais avec l’interface tablette de Windows 8. Étalez tout autour un peu de controverse suite à un accident enrobé de mystère – pas la glace. Enfin, servez le tout avec une communication aucunement maîtrisée et complètement à contre-temps, et vous obtenez, malgré les délicieux ingrédients de départ, un plat infect, dont même les Restos du Cœur ne voudraient pas !
En effet, la catastrophe qui s’annonçait dès les essais privés d’Abu Dhabi, au crépuscule de la saison 2014, est en train de se produire. Les McLaren-Honda sont dans le prolongement de leur hiver compliqué : seulement 345 km de roulage total en essais libres (fin des EL1 prématurée pour des vérifications, accident de Magnussen en EL2), une voiture pas encore défrichée, et, dixit Yasuhisa Arai, Directeur des sports mécaniques chez Honda, des réglages moteur très conservateurs pour épargner le premier des quatre exemplaires utilisés. C’est ce cocktail qui a positionné les MP4-30 sur la neuvième ligne de la grille de départ, la dernière en l’absence de Manor, ce qui est une première pour l’écurie de Woking.
Pire : la marche est encore haute puisque, si Button n’était qu’à 5 centièmes de Marcus Ericsson en Q1, il se trouvait à une seconde pleine de la meilleure Sauber, celle de Felipe Nasr, qui a par la suite trouvé les ressources pour se qualifier 11ème devant les deux Force India. L’écart avec les Williams et les Ferrari était de 2 secondes, celui avec les Mercedes en pneus Médiums de 3 secondes. Rallier l’arrivée sera donc déjà une victoire en soi pour McLaren demain. Par la suite, il faudra réagir rapidement pour réintégrer le peloton.
Gusgus
Q2 : Nasr, le sauveur de Sauber
Rarement l’écurie Sauber n’aura autant attiré l’attention médiatique. L’écurie a beau être en F1 depuis plus de vingt ans – malgré une brève disparition au profit de BMW à la fin des années 2000 – elle est rarement dans la lumière des projecteurs. Bon, toujours est-il qu’il y a des lumières qui sont moins douces et agréables que d’autres et celle des projecteurs judiciaires est du genre agressive et aveuglante. C’est pourtant dans le contexte d’un imbroglio contractuel avec Giedo van der Garde qu’ont démarré la semaine et le week-end de la structure suisse.
De l’extra-sportif, oui, mais qui a fini par influer sur le sportif puisque sous la menace d’une action contre ses biens, l’équipe n’avait pas pris part aux premiers essais libres. Avec la réduction des essais, les incertitudes inhérentes à la première manche de la saison et des pilotes peu expérimentés, chaque tour effectué compte. Trop habitué au confort de la Q1, Marcus Ericsson ne s’en est pas extrait, accusant un retard de quasiment neuf dixièmes sur Felipe Nasr, son équipier, passé lui en Q2.
Avant le début du quart d’heure australien, l’on ne donnait pas cher de la peau du pilote au n°12, dont le sort devait se jouer à la lutte avec des Force India peu fringantes pour cette rentrée. Et pourtant, il l’a vendue chèrement, sa peau ! Reléguant les monoplaces de l’écurie indienne à quatre dixièmes, il a surtout réussi un beau coup en devançant une Toro Rosso et une Red Bull. Il aurait encore pu aller plus loin puisqu’il échoue seulement à huit centièmes de Pastor Maldonado, dernier qualifié pour la Q3. Pour sa première course en F1, le Brésilien aura joué le rôle du phare dans la tempête, de l’éclair dans la nuit et donc, forcément, même si vous le sentez venir gros comme une maison, vous n’y échapperez pas, du Sauber dans les épinards.
Fab
Q3 : Red Bull-Renault : je t’aime, moi non plus
Quatre titres constructeurs d’affilée et autant de titres pilote, l’association Red Bull-Renault a su être particulièrement fructueuse à l’époque pas encore si lointaine des V8 atmosphériques. Malheureusement, depuis le début de l’année dernière et l’introduction des V6 turbo, ce mariage a connu plusieurs crises conjugales. Renault a reconnu ses torts et ses faiblesses et on ne peut douter que le Losange a tout fait pour remonter le plus la pente au courant de la saison. En effet, il ne faut pas oublier que malgré les problèmes et la bonne forme des Williams, Red Bull est la seule écurie à avoir décroché au moins une victoire en dehors du bulldozer Mercedes.
Suite aux problèmes de Daniel Ricciardo en essais libres plus tôt ce week-end, Helmut Marko a été très prompt à pointer un doigt accusateur en direction de Renault et à tenir des propos particulièrement durs envers le motoriste français. La colère et l’agacement sont compréhensibles dans une telle situation, surtout que d’entrée le nombre de bloc thermiques pour la saison passe de 4 à 3.
Ma réaction, suite à cette sortie médiatique, a été de lever un sourcil incrédule et de conseiller à Helmut de tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de lancer de telles accusations et de commencer par regarder si, par hasard, le problème ne viendrait pas un peu plus qu’il ne se l’imagine du côté de son écurie championne chérie. Car la seule autre écurie motorisée Renault se trouve être la petite sœur Toro Rosso, pour la deuxième saison seulement. Et, elle, n’a rencontré aucun problème jusque là avec son unité de puissance durant ce week-end. Son tout jeune rookie Carlos Sainz Jr. a même réussi à se hisser sur la 8ème place de la grille de départ. Belle performance.
On pourrait donc se demander, à juste titre, si Red Bull n’aurait pas plutôt beaucoup de mal à intégrer dans ses châssis toute cette nouvelle technologie. Surtout que l’histoire nous a démontré que l’intégration moteur est souvent leur talon d’Achille. Mais bon, on retiendra au final la 7ème place de Daniel Ricciardo devant son public malgré tous ses problèmes.
Buchor
Classements et données
[tab:Classement]
Classement des qualifications
P | N° | Pilote | Écurie | Q1 | Q2 | Q3 | Tours |
---|---|---|---|---|---|---|---|
1 | 44 | Hamilton | Mercedes | 1:28.586 | 1:26.894 | 1:26.327 | 16 |
2 | 6 | Rosberg | Mercedes | 1:28.906 | 1:27.097 | 1:26.921 | 14 |
3 | 19 | Massa | Williams | 1:29.246 | 1:27.895 | 1:27.718 | 21 |
4 | 5 | Vettel | Ferrari | 1:29.307 | 1:27.742 | 1:27.757 | 12 |
5 | 7 | Räikkönen | Ferrari | 1:29.754 | 1:27.807 | 1:27.790 | 17 |
6 | 77 | Bottas | Williams | 1:29.641 | 1:27.796 | 1:28.087 | 16 |
7 | 3 | Ricciardo | Red Bull | 1:29.788 | 1:28.679 | 1:28.329 | 22 |
8 | 55 | Sainz | Toro Rosso | 1:29.597 | 1:28.601 | 1:28.510 | 22 |
9 | 8 | Grosjean | Lotus | 1:29.537 | 1:28.589 | 1:28.560 | 20 |
10 | 13 | Maldonado | Lotus | 1:29.847 | 1:28.726 | 1:29.480 | 20 |
11 | 12 | Nasr | Sauber | 1:30.430 | 1:28.800 | – | 17 |
12 | 33 | Verstappen | Toro Rosso | 1:29.248 | 1:28.868 | – | 15 |
13 | 26 | Kvyat | Red Bull | 1:30.402 | 1:29.070 | – | 9 |
14 | 27 | Hülkenberg | Force India | 1:29.651 | 1:29.208 | – | 14 |
15 | 11 | Pérez | Force India | 1:29.990 | 1:29.209 | – | 13 |
16 | 9 | Ericsson | Sauber | 1:31.376 | – | – | 10 |
17 | 22 | Button | McLaren | 1:31.422 | – | – | 7 |
18 | 20 | Magnussen | McLaren | 1:32.037 | – | – | 8 |
19 | 28 | Stevens | Manor | Pas de temps | – | – | 0 |
20 | 98 | Merhi | Manor | Pas de temps | – | – | 0 |
[tab:Les qualifications en chiffres]
Les qualifications en chiffres
P | Pilote | Écurie | S1 | S2 | S3 | Tour idéal | Vmax |
---|---|---|---|---|---|---|---|
1 | Hamilton | Mercedes | 28.725 | 23.090 | 34.505 | 1:26.320 | 323,0 |
2 | Rosberg | Mercedes | 29.108 | 23.192 | 34.329 | 1:26.629 | 323,1 |
3 | Massa | Williams | 29.249 | 23.422 | 35.038 | 1:27.709 | 327,6 |
4 | Vettel | Ferrari | 29.034 | 23.533 | 35.154 | 1:27.721 | 327,6 |
5 | Räikkönen | Ferrari | 29.023 | 23.522 | 34.849 | 1:27.394 | 325,3 |
6 | Bottas | Williams | 29.135 | 23.352 | 35.238 | 1:27.725 | 329,0 |
7 | Ricciardo | Red Bull | 29.388 | 23.623 | 35.317 | 1:28.328 | 318,8 |
8 | Sainz | Toro Rosso | 29.311 | 23.732 | 35.259 | 1:28.302 | 315,9 |
9 | Grosjean | Lotus | 29.530 | 23.668 | 35.351 | 1:28.549 | 325,1 |
10 | Maldonado | Lotus | 29.452 | 23.615 | 35.552 | 1:28.619 | 327,5 |
11 | Nasr | Sauber | 29.413 | 23.693 | 35.694 | 1:28.800 | 323,8 |
12 | Verstappen | Toro Rosso | 29.613 | 23.883 | 35.320 | 1:28.816 | 314,7 |
13 | Kvyat | Red Bull | 29.631 | 23.675 | 35.511 | 1:28.817 | 319,1 |
14 | Hülkenberg | Force India | 29.568 | 23.685 | 35.884 | 1:29.137 | 324,2 |
15 | Pérez | Force India | 29.611 | 23.813 | 35.785 | 1:29.209 | 325,5 |
16 | Ericsson | Sauber | 30.664 | 24.136 | 36.402 | 1:31.202 | 324,7 |
17 | Button | McLaren | 30.311 | 24.285 | 36.760 | 1:31.356 | 312,8 |
18 | Magnussen | McLaren | 30.523 | 24.403 | 37.111 | 1:32.037 | 312,5 |
Un régal le ton des articles de cette rentrée ! Et puis c’est très sympa de signer votre prose 🙂