Le SAV de la course du Grand Prix d’Allemagne 2014
|Le SAV de la F1 est revenu, dans une émission en direct, sur la course du Grand Prix d’Allemagne 2014 remportée par Nico Rosberg (Mercedes), et dont voici le résumé grand format.
Alors que quatorze heures sonnent, les 21 voitures placées en quinconce sur la grille de départ du circuit du circuit d’Hockenheim se lancent à l’assaut du tour de formation, Marcus Ericsson attendant en bout de ligne des stands après ne pas avoir observé les règles inhérentes au parc fermé. Il fait alors 25°C dans l’air et 33 sur la piste, en très nette baisse par rapport aux journées précédentes du fait de l’épaisse couverture nuageuse qui fait craindre, à tort, une averse qui viendrait jouer les trouble-fête pendant la course.
Lewis Hamilton, après des qualifications gâchées par la casse de son disque de frein avant droit, un changement de fournisseur de ces mêmes disques et la monte d’une boîte de vitesses neuve, se positionne sur la 20ème place de la grille, 19 positions derrière la pole occupée par son coéquipier Nico Rosberg. Le challenge du Britannique sera donc de réduire le plus possible ce désavantage initial de 152 mètres sur le poleman, et pour ce faire, il adopte d’emblée une stratégie décalée en prenant le départ avec des pneus Tendres, tout comme Kimi Räikkönen et Romain Grosjean.
Une fois les feux éteints, Nico Rosberg prend l’envol parfait en coupant seul en tête la corde du premier virage. Felipe Massa, qui met la pression sur son équipier Valtteri Bottas, n’aura pas cette chance, et pour cause : Kevin Magnussen est déjà là quand le Brésilien braque. Le contact entre la roue arrière droite de la FW36 et la roue avant gauche de la MP4-29 est inévitable et envoie la Williams du Pauliste en tonneau, dont une bonne partie en glissade sur l’arceau de sécurité en titane – les étincelles faisant foi -, tandis que la McLaren du Danois part en tête-à-queue. Daniel Ricciardo est une autre victime, indirecte, de l’accident, devant ralentir en utilisant la totalité de la largeur du dégagement du premier virage pour éviter le sur-accident. Tout cela provoque logiquement la sortie de la voiture de sécurité.
Comme souvent, Felipe Massa ne décolère pas et déplore l’absence de responsabilité de sa part : « Par chance, je vais bien, mais je ne suis pas content. J’étais devant en prenant le premier virage, donc avoir une nouvelle course tronquée par un autre pilote n’est pas facile. Je fais de mon mieux, l’équipe fait de son mieux, et nous n’avons tout simplement pas la réussite dont nous avons besoin. Aux abords du premier virage, j’étais proche de Valtteri mais j’ai dû me refréner pour éviter un accident, d’autres n’ont malheureusement pas fait de même. Je suis évidemment très déçu. » Son de cloche différent du côté de Kevin Magnussen, qui pour sa part peut repartir du fond du peloton après un passage aux stands : « Je pense que si j’avais eu de la possibilité d’aller ailleurs, il n’y aurait pas eu de contact avec Felipe. J’ai fait de mon mieux pour éviter l’accident, mais il n’y avait pas grand chose d’autre que j’aurais pu faire. »
La course reprend très rapidement au début du troisième tour, Rosberg devançant Bottas, Vettel, Alonso et Hülkenberg, suivis dans le top 10 de Button, Kvyat, Pérez, Räikkönen et Sutil. Ricciardo, relégué 14ème, et Hamilton, 17ème à la relance, vont remonter ensemble dans le classement : une fois le Britannique débarrassé de Chilton et Maldonado, il vont dépasser successivement Grosjean, Gutiérrez, Sutil, Kvyat (parti en toupie après un contact avec Sergio Pérez dans le virage 8 et qui passe dans la foulée par la case stands) et Vergne en une dizaine de boucles.
Au 13ème tour, leurs remontées vont d’ailleurs se croiser : dans la parabolique, l’Australien est à l’aspiration, DRS ouvert, de Kimi Räikkönen et se porte à l’intérieur, mais le Champion du Monde 2008 en fait de même avec lui. À trois de front au freinage de l’épingle (virage 6), le pilote Mercedes bloque ses roues avant et touche légèrement la Ferrari, qui perd un petit morceau d’aileron avant, mais dépasse ses deux adversaires alors que Ricciardo prend le meilleur sur Räikkönen.
Entre-temps, la première salve de changements de pneus s’est ouverte avec Fernando Alonso à la fin du 12ème tour. Jusqu’au 20ème tour et l’arrêt de la Marussia de Jules Bianchi, tous les pilotes chaussés des pneus Super Tendres les troqueront contre les enveloppes les plus dures, excepté Pastor Maldonado et Esteban Gutiérrez. Quant à ceux partis en Tendres, Räikkönen ne parvient pas à s’arrêter plus tard que le 20ème tour pour passer les Super Tendres, Grosjean s’arrête après 24 tours mais est contraint à l’abandon dans la foulée par manque de puissance, et Lewis Hamilton, un temps 2ème avant d’être dépassé par Valtteri Bottas en pneus neufs, monte de nouveau les Tendres après 26 tours.
Le classement est peu chamboulé après ces arrêts, montrant après 27 tours Nico Rosberg tranquillement en tête devant Bottas (+13,1 secondes), Vettel (+21,0), Alonso (+22,0), Hülkenberg (+29,3), Button (+32,3), Ricciardo (+35,6), Hamilton (+37,7), Räikkönen (+46,8) et Magnussen (+50,6). Suivent en dehors du top 10 Vergne (+51,1), Pérez (+52,2), Sutil (+53,9), Maldonado (+54,7), Gutiérrez (+57,9), Kvyat (+1:03,2) et Bianchi (+1:16,3), alors que Kobayashi, Chilton et Ericsson sont à un tour.
Au 29ème tour, Nico Hülkenberg voit son volant clignoter de toute part pour une alerte moteur. L’Allemand passera au moins 30 secondes, alors qu’il parle avec son ingénieur et qu’il pilote, à tripatouiller de toute part son volant pour résoudre le problème et continuer la course dans de bonnes conditions. Dans le même temps, Lewis Hamilton reprend sa remontée en dépassant de nouveau, cette fois-ci assez aisément, Daniel Ricciardo à l’épingle. Une boucle plus tard, le Britannique croit en faire de même sur Jenson Button, mais le natif de Frome tire large, ce que son ancien équipier prend pour un laisser-passer : leurs trajectoires se croisent et la F1 W05 Hybrid n°44 perd un large morceau d’aileron avant gauche. S’excusant de la main lorsqu’il prend pour de bon l’avantage sur la McLaren au tour suivant, Lewis Hamilton, après s’être attaqué à Nico Hülkenberg pour la 5ème place, ne changera pas d’aileron avant et rajoutera de l’appui à son prochain arrêt.
La seconde partie de course est moins lisible que la première, les choix stratégiques étant très variés, tant dans le nombre d’arrêts que dans l’ordre des composés utilisés. En effet, alors que l’on s’attendait à ce que les pneus Super Tendres ne soient montés que pour un seul relais puisqu’ils surchauffaient le vendredi et le samedi, les températures plus clémentes ont permis quelques expérimentations : si Rosberg, Bottas et Hülkenberg utiliseront le schéma Super Tendres-Tendres-Tendres attendu, les autres préféreront ne pas jouer avec l’autonomie des pneus Tendres et insérer un relais supplémentaires en Super Tendres. Ainsi, auteur d’un premier relais de 26 tours en Tendres, Lewis Hamilton ne parcourt que 16 tours avec un train du même composé – probablement pour limiter le temps perdu par son aileron endommagé – puis divise les 25 derniers tours en deux relais en Super Tendres. Et alors que la majorité opte pour que le second relais en Super Tendres soit le dernier, chez Red Bull, c’est l’avant dernier qui est choisi. Räikkönen, pour sa part, doit insister lourdement pour que le stand Ferrari daigne mettre fin à son deuxième relais, ses pneus Super Tendres étant en fin de vie.
Toutes ces considérations stratégiques font qu’avant le dernier relais, les batailles ne sont pas excessivement disputées, chacun faisant attention à tenir sa stratégie. Quelques abandons spectaculaires font plus parler : dans le 45ème tour, Daniil Kvyat arrête sa Toro Rosso à l’épingle, un incendie menaçant le pilote russe qui heureusement s’extirpe de son baquet sans dommage. Et au terme de sa 48ème boucle Adrian Sutil part en tête-à-queue dans le dernier virage. Parvenant à éviter tout contact avec le mur, l’Allemand tente de se remettre dans le droit chemin mais cale dans la manœuvre. Contraint d’abandonner sa Sauber, qui bien qu’hors trajectoire reste en travers de la piste, la stupeur s’empare peu à peu de l’ensemble des observateurs puisqu’il faudra plusieurs minutes pour que des commissaires n’interviennent pour dégager la monoplace suisse, sans autre protection qu’un drapeau jaune, et alors qu’une voiture de sécurité semblait plus adaptée à cette intervention.
Quoi qu’il en soit, à la faveur des arrêts, Alonso prend la quatrième position à Vettel au début de son troisième relais mais ressortira de son dernier arrêt 6ème, derrière le quadruple Champion du Monde et son équipier Daniel Ricciardo. Pendant ce temps, Hamilton s’assure petit à petit un podium, où on ne connaît pas encore sa position. L’Espagnol, en pneus plus frais, s’attaque à l’Australien dans le 59ème tour, mais le pilote Red Bull oppose une énorme résistance, et il faudra trois tours au porteur du numéro 14 pour s’en débarrasser définitivement, cinquième place à la clé. Devant, de manière similaire à l’Ibère, Lewis Hamilton revient sur Valtteri Bottas et sa deuxième place. Le Britannique recolle, mais malgré une vitesse de pointe impressionnante de près de 345 km/h, il ne parvient pas à se porter à la hauteur du Finlandais dont la Williams est naturellement très véloce en ligne droite.
Nico Rosberg remporte donc sans être inquiété le Grand Prix d’Allemagne, sa première victoire à domicile, à bonne distance de Valtteri Bottas, suivi de Lewis Hamilton et de Sebastian Vettel, au pied du podium. Fernando Alonso ne devance finalement Daniel Ricciardo que de 8 centièmes sur la ligne pour la cinquième place, et devance Hülkenberg, Button, Magnussen et Pérez dans les points.
La victoire à domicile de Nico Rosberg clôt une dizaine de jours très spéciaux pour lui, avec la victoire allemande en Coupe du Monde de football et son mariage : « C’est fantastique. Gagner ici, à la maison, me procure un sentiment incroyable. Une journée très très spéciale. Merci à tous pour votre support ce week-end. […] Pour sûr, on fera un peu la fête ce soir, j’espère que [les fans] aussi, ce serait génial de prolonger l’esprit de la Coupe du Monde de football un petit peu aujourd’hui. Je suis impatient d’être à la prochaine course en Hongrie. Avec la voiture qu’on a en ce moment… Je suis très, très reconnaissant envers Mercedes pour la voiture qu’ils nous ont construit, c’est vraiment un plaisir en ce moment. La Hongrie se passera bien. […] Sans aucun doute, me marier [est la meilleure chose qui me soit arrivée cette semaine]. C’est le meilleur sentiment. Mais bien sur, tout a été spécial. Je suis vraiment chanceux, j’ai juste eu un super… beaucoup de choses positives sont arrivées en deux semaines, ou une et demi. Ç’a été vraiment appréciable, tout comme ce week-end avec la pole et la victoire. Juste incroyable. »
On n’arrête plus Valtteri Bottas qui depuis son premier podium ne le quitte plus, y étant pour la troisième fois consécutive : « Je suis heureux d’être pour la troisième fois d’affilée sur le podium. Ces gars [les Mercedes, ndlr] étaient trop rapides aujourd’hui mais je suis vraiment content que nous ayons au moins réussi à en garder un derrière nous. Ça n’a pas été facile, ç’a nécessité une grande quantité d’informations de la part des ingénieurs, que faire avec les réglages moteur, et attaquer fort de mon côté, mais je veux vraiment remercier les fans. Je vois aussi beaucoup de drapeaux finlandais, donc merci la Finlande. […] Un dernier relais juste assez long. Lewis était déjà très proche avant mais il s’est arrêté, et à ce moment, il restait encore une vingtaine de tours. Je savais que ça allait être serré sur la fin. Avec un nouveau train de pneus, et 20 tours à parcourir, il pouvait rattraper son arrêt, et il l’a fait en étant dans ma boîte de vitesses dans les derniers tours. Pour moi, c’était vraiment, vraiment important de bien sortir des virages menant à des zones DRS, donc des virages 1 et 2/3, pour en sortir le plus tôt possible et freiner le plus tard possible à l’épingle. J’ai aussi beaucoup communiqué avec l’équipe, avec tout le support des ingénieurs pour passer les bons modes de fonctionnement du moteur pour défendre – donc merci à eux pour ça. »
Après ses problèmes en qualifications, Lewis Hamilton ne peut que se réjouir de monter sur le podium : « Je me suis éclaté. C’était super de voir combien de fans nous avions ici aujourd’hui, merci beaucoup à eux pour leur support. Je fais aussi bien que ce que j’aurais pu aujourd’hui. Ç’a été très dur de se frayer un chemin dans le peloton en sécurité. J’ai eu une petit collision avec Jenson. Je pensais honnêtement qu’il ouvrait la porte pour me laisser passer, il s’est un peu comporté comme ça dans la course précédente, par exemple, c’est donc une erreur de jugement de ma part sur ce cas. C’est vraiment dur de dépasser au final, ils étaient très rapides en ligne droite mais je suis très heureux de récolter quelques points aujourd’hui. […] Je ne pourrais pas vous dire [à quel point l’incident avec Button a empêché un meilleur résultat]. La voiture était un petit peu différente mais cela dit, tout de même capable de ramener quelques points, je suis reconnaissant et très heureux de la voiture que Mercedes nous a fourni, et félicitations à Nico. C’est fantastique pour lui sur ses terres et aussi celles de Mercedes-Benz. Je suis donc heureux d’avoir pu ajouter quelques points aujourd’hui. »
à un moment vous évoquez les podiums finlandais de Bottas. En réalité Juan Pablo Montoya avait signé 3 podium de suite avec Williams, il égale sa perf.
On est loin du record quand même : Williams Afrique du Sud 1993 – Brésil 1994 17 podiums consécutifs