Le SAV des qualifications du Grand Prix d’Australie 2014
|Avec un temps de 1’44”231, Lewis Hamilton a signé la première pole position de l’ère des V6 Turbo à technologies hybrides, rejoignant ainsi Nigel Mansell avec 32 poles positions en carrière. Le Britannique permet surtout au moteur Mercedes de partir, pour le 100ème fois de son histoire, depuis la position de pointe : « Aujourd’hui, les conditions climatiques n’ont facilité la tâche de personne. Je suis très heureux du travail accompli par l’équipe. Ces voitures sont tellement difficiles à piloter sur le mouillé : c’était la première fois pour moi dans ces conditions, comme je pense ce fut le cas pour beaucoup de monde. C’était un gros défi aujourd’hui mais pour Nico comme pour moi, être tout devant est une superbe démonstration de l’équipe et c’est évidemment super de voir Ricciardo à nos côtés pour son premier Grand Prix avec Red Bull. »
En effet, si Lewis Hamilton n’a pas déjoué les pronostics en s’emparant de la pole position, Daniel Ricciardo a fait sensation sur ses terres en poursuivant la série de premières lignes consécutives entamée par Red Bull lors du Grand Prix d’Allemagne 2013 : « Je suis très heureux mais en même temps j’essaie de rester calme et concentré parce que c’est demain que ça compte. Il n’y a donc aucune raison de faire la fête ce soir et de ne pas se concentrer pour demain. Pour parler d’aujourd’hui, c’est vraiment une bonne journée pour nous. La voiture était assez bonne à conduire sur le mouillé. Je pense qu’au début de l’année, nous craignions tous que ces nouvelles bêtes soient difficiles à conduire sous la pluie mais ce fut… ce n’est toujours une mince affaire mais en même temps c’était très sympa derrière le volant. Doser l’accélérateur pour contrôler le turbo et tout le reste, c’était très fun, plutôt excitant. J’ai entendu le bruit de la foule lors de mon tour de décélération, alors tout ce que je peux dire c’est qu’avec espoir je vais réentendre ça demain. »
Troisième temps des qualifications, Nico Rosberg semblait quant à lui se contenter de sa position : « Je ne pense pas que nous ayons fait quelque chose de travers. Bien sûr, avec un peu de recul on peut toujours se dire qu’on aurait pu mieux faire ici ou là, mais l’un dans l’autre je pense que c’était une bonne séance de qualifications. Troisième c’est… ça me satisfait. Nous aurions pu faire mieux mais troisième c’est bien. Je sais que nous avons une bonne voiture en course et qu’il est possible de faire une bonne course à partir de cette place. » Et l’Allemand d’ajouter : « Évidemment, l’histoire sera complètement différente demain. […] Nous ne savons vraiment pas ce qu’il va se produire, il y a un petit risque de pluie également pour demain, mais je pense qu’il est plutôt probable que ce soit sec. Ce sera totalement différent parce que cette année, surtout à Melbourne qui est le circuit où l’on consomme le plus, ça va être difficile d’économiser du carburant en course : c’est un gros challenge. »
Le SAV de la F1 est donc revenu donc en direct sur la performance des pilotes Mercedes et de Daniel Ricciardo mais a également essayé de tirer les premières conclusions suite aux Essais Libres et aux qualifications du Grand Prix d’Australie 2014.
Je ne suis vraiment pas d’accord avec votre passage sur l’application de la règle des 107% : depuis sa réinstauration, la règle a toujours été appliquée de la manière qu’elle l’a été avec Lotus sur ce Grand Prix.
A partir du moment où un temps a été signé lors du week-end qui rentre dans les 107% du meilleur temps de Q1, la voiture prenait le départ, quel que soit son degré de fiabilité et/ou de préparation.
Maldonado, le matin même, signe un 1:34.7, les 107% étant en 1:37.1 de mémoire, pour moi il n’y a rien d’illogique à ce qu’il soit repêché.
Je ne vois aucune application politique là-dedans au vu des précédents.
Effectivement, je suis aussi de l’avis de Fab, d’ailleurs, on en avait déjà parlé avec Dino dans l’émission de jeudi. Déjà Dino avait sorti l’exemple d’HRT pour appuyer ses dires, mais dans mes souvenirs, ils n’avaient pas été assez performants en essais libres quand ils avaient été éliminés. Alors j’ai fait des recherches sur la question.
Les 107% ont été réintroduits début 2011. Sur les 59 Grand Prix (Australie 2014 inclus) où cette règle a été en application, on dénombre 22 cas de pilotes qui n’ont pas réalisé les 107% en qualifications (que ce soit pour cause de chrono trop lent ou d’absence totale de chrono). 10 d’entre eux ont concerné HRT sur les 39 Grands Prix qu’ils ont disputé sous ces règles en 2011 et 2012.
Ces 10 cas impliquant HRT ont mené à 4 non-qualifications (les seules non-qualifications jusqu’à maintenant) et 6 repêchages. Les 4 repêchages ont eu lieu à chaque fois en Australie : en 2011 comme en 2012, aucun des deux pilotes HRT n’a jamais été dans les 107% de tout le week-end, d’où une non-qualification logique et tout à fait justifiée. Mais les 6 autre cas d’HRT pas assez rapides en qualifications (1 cas de chrono trop lent, 5 problèmes techniques) ont tout le temps mené à un repêchage quand elles se sont montrées à la hauteur en essais libres, comme c’est le cas des 12 autres cas concernant les autres écuries (celui de Maldonado ce week-end compris comme le rappelle Fab).
On ne peut déjà pas parler d’une application à deux vitesses, et donc encore moins d’une application biaisée par des raisons politiques.
En plus, quand on voit le compte-rendu de la décision des commissaires d’hier (http://184.106.145.74/f1-championship/f1-2014/f1-2014-01/Formula%20One%20Australian%20Grand%20Prix%202014%20Document%20-%2027.pdf), ils indiquent bien qu’elle ne constituera pas un précédent pour les prochaines courses. Donc si en Malaisie, il n’atteint toujours pas les 107% en qualifications et que ça n’aura pas été le cas en essais libres, il ne sera pas repêché.
Sur les chiffres, je ne vous contredirait pas, mais vous ne m’empêcherez pas de penser, après les déclarations de Charlie Whinting cette semaine, que si Lotus et Red Bull n’avaient pas été menacés, il n’y aurait eu aucune clémence. Charlie Whiting a clairement dit qu’il fallait être clément car – contrairement au passé – on sait que les écuries peuvent faire une bonne voiture. De mémoire, c’est un critère qui n’est pas retenu par le règlement.
Libre à vous de ne pas voir d’application politique, mais vous ne m’empêcherez pas de penser que si Caterham avait été à la place de Lotus, elles n’auraient pas pris le départ.
Je suis désolé, mais pour moi le cas de Lotus est comparable à celui de HRT les deux fois où elles ont été disqualifiés (faute de préparation, fiabilité, etc). Les autres cas où les écuries ont été repêchées, c’était généralement en cours de saison et très majoritairement sur la foi d’une fiabilité et d’un rythme évident lors des Essais Libres.
Après, ça n’est pas un scandale et, comme je l’ai dit dans l’émission, je suis content de voir les Lotus au départ, mais on a fait une exception – et d’ailleurs Gusgus nous dit bien que le communiqué va dans ce sens. Je ne peux pas prouver qu’il n’y aurait pas eu cette exception si Caterham avait été dans la situation de Lotus, mais permettez-moi d’émettre des doutes sur ce point, surtout au regard des habitudes de la FIA que l’on critique assez souvent pour son inconstance dans le SAV.
Je viens seulement de voir la réponse, donc désolé du retard mais je vais poursuivre ce débat.
Personne ne veut t’empêcher de penser que la FIA aurait fait une application politique de la règle, mais encore une fois, tous les faits jusqu’ici ont prouvé que l’application des 107% répondaient à des critères objectifs depuis la réinstauration de la règle.
Après, très sincèrement, tu t’appuies majoritairement – seulement ? – sur la déclaration de Charlie Whiting, mais lui aussi n’exprime qu’un avis et non pas une directive ou un ordre ( http://www.fia.com/news/f1-race-directors-2014-technical-briefing ). Il ne participe pas aux décisions prises par les commissaires. C’est un avis de poids, mais ce n’est pas un avis qui lie.
Et quand bien même ils décideraient d’avoir une certaine clémence, le règlement leur permettrait ! L’article 36.1 est en effet ouvert quant aux « circonstances exceptionnelles » qui autoriseraient les commissaires à qualifier une voiture. A ce titre, le premier GP d’une nouvelle ère technique et technologique peut entrer dans ce type de circonstances (c’est d’ailleurs, je pense, le sens de la déclaration de Whiting).
Mais, malgré tout, l’application faite par les 4 commissaires est, pour moi, conforme à tous les paramètres objectifs et habituels que l’on est en droit d’attendre :
-> le rythme de la Lotus de Maldonado est largement en dessous des 107%
-> cela ne vaut que pour l’Australie. Et là, je crois que tu interprètes mal le second argument des commissaires. Ils ne disent pas qu’ils ont fait une exception (d’ailleurs quelle exception auraient-ils fait ? GRO est dans les 107% en Q1 et MAL 3 sec plus rapide en EL3), mais ils précisent que le jugement de Melbourne ne liera pas les commissaires à Sepang : ce n’est pas parce que la Lotus est suffisamment performante pour le GP d’Australie qu’elle le sera pour Kuala Lumpur. Si une telle situation se pose à nouveau, les commissaires devront apprécier la situation in concreto. C’est tout.
Après tu brandis les considérations de fiabilité, mais je suis désolé, elles ne sont JAMAIS rentrées en ligne de compte sur la question des 107%. Justement, j’ai même envie de dire que si la question de la fiabilité était prépondérante, on n’aurait pas instauré une règle chronométrique objective mais plutôt une règle subjective autorisant les commissaires à considérer différents paramètres pour décider si oui ou non une voiture pourrait prendre la piste.
Là, la prépondérance c’est le critère des 107% et ensuite, on voit si des problèmes particuliers ont empêché une voiture d’atteindre ce rythme alors qu’elle en était capable.
En cela, Caterham, dans l’exacte situation de Lotus, aurait pris le départ et pour exactement les mêmes raisons.
Bref, et même si on ne peut pas t’empêcher de penser ce que tu veux, je pense que justement, au niveau des 107%, la FIA et les commissaires ont toujours fait preuve d’une grande régularité, tout simplement parce que la règle est objective et ne laisse que peu d’interprétation aux commissaires.
Tu évoque nos ruades contre l’inconstance de la FIA dans le SAV, mais elles sont souvent à l’encontre des décisions prises concernant les pénalités. Or, les pénalités, et on le souligne assez souvent aussi, sont des zones où l’interprétation est reine puisqu’il n’y a pas de barème règlementaire, ce qui amène à des sanctions différentes pour des faits que l’on considère comme similaires.
Je te trouve d’une particulière mauvaise foi. Que ce soit sur Fan-F1 ou dans le SAV, j’ai toujours expliqué et défendu la règle des 107%, donc m’en faire une explication de texte c’est sous-entendre que je n’ai pas compris la règle.
Je n’ai jamais dit que la FIA n’avait pas appliqué la règle des 107% correctement, mais qu’à mes yeux elle avait laissé davantage de place à la clémence dans ce cas que dans celui de HRT. J’ai dit qu’à titre personnel j’estimais que ces deux cas étaient comparables et que Maldonado sur sa Lotus comme les deux HRT constituaient le même niveau de risque pour la compétition, ce qui devrait, SELON MOI, être la seule préoccupation des commissaires.
Cette règle a – pour moi comme pour bcp de monde – vocation à ne pas laisser participer à une épreuve une écurie, une voiture ou un pilote qui n’est pas suffisamment préparé. Or, en appelant à la clémence – et en l’étant -, Charlie Whiting comme les commissaires ont montré que cette préoccupation de sécurité – pour le pilote comme pour ses concurrents – passait au second plan derrière les intérêts sportifs et – je l’assume – politiques.
Après, tu peux jouer sur les mots concernant le caractère exceptionnel de cet décision, mais il n’en demeure pas moins que la décision écrite des commissaires précise bien que la décision prise à Melbourne n’engage pas les commissaires de Sepang, autrement dit que les commissaires de Sepang, en pareil cas, pourront trancher de façon différente. S’il s’agissait simplement d’une règle claire à appliquer en fonction de critères objectifs, quel aurait été le besoin de la FIA de formuler cette précision. Ce point de la décision, couplé aux propos de Charlie Whiting, me laisse à penser qu’il y a eu une application exceptionnellement clémente et compréhensive de cette règlementation dont tu nous dis pourtant qu’elle se base sur des critères objectifs. Concernant Charlie Whiting, si ce dernier n’a aucun pouvoir décisionnel sur les sanctions, il n’en demeure pas moins le directeur de la course et le délégué de la FIA : quand il appelle à la clémence des commissaires, on est en droit de se dire que le message a été répété lors du briefing d’avant-course et que les commissaires, conservant leurs libertés, étaient tout de même orientés dans leur décision par Charlie Whiting.
Je comprends que tu veuilles défendre les commissaires sur ce point car on l’accuse souvent à la légère d’avoir une interprétation politique du règlement. Nous avons tous les deux moults fois argumenté avec des personnes qui tenaient ce type de discours simpliste. Maintenant, ce n’est pas pour autant qu’il faut laisser croire au tout venant que la FIA ne fait toujours qu’appliquer la règlementation de façon objective. Il y a dans cette histoire une application compréhensive du règlement qui est attestée à la fois par les propos de Charlie Whiting et par le délibéré des commissaires. Je suis content de voir la FIA adopter une démarche compréhensive, mais je regrette amèrement que la FIA n’ait pas également eu cette constance envers HRT.
Au fond, on en revient toujours à notre principal point de litige. Tu penses qu’une décision peut-être impartiale là où j’estime que le contexte et les acteurs ont toujours le potentiel d’influer sur la décision. Encore une fois, je ne discute pas de la légitimité de la décision qui s’appuie sur des faits, mais j’estime qu’il y a des faits qui ne nous permettent pas d’assurer, comme tu le fait, que la décision a été prise de façon totalement impartiale.
Mais la démarche de la FIA envers HRT n’avait pas à être clémente ou pas car quand HRT ne pouvait pas prendre le départ, c’est parce que précisément les voitures n’avaient JAMAIS été dans les 107% durant les 4 séances d’avant course !
Sans répondre à tout, tu dis que je veux voir une décision impartiale : je suis désolé, mais ce n’est tout à fait mon discours. Je ne dis pas que la FIA est impartiale, mais je souligne qu’elle me parait être inattaquable sur ce point concernant l’application de la règle des 107% depuis sa réinstauration. Et pardon de le répéter, mais les faits ne me contredisent pas.
C’est un procès d’intention car tu auras beau répéter à l’envie que le second point de la décision concernant Lotus est une preuve de clémence, il reste que c’est impossible à prouver puisque, précisément, les Lotus ont satisfait aux critères des 107%. Donc, s’il y a eu clémence, on se demande bien à quoi elle a servi, puisqu’il n’y avait pas à l’être.
Bref, ne prenons pas la FIA pour un juge parfaitement impartial et objectif – ça n’existe pas – mais prenons quand même le temps de remarquer que la règle des 107% a toujours été appliquée avec la même constance quels que soient les cas et, jusqu’à aujourd’hui, il est impossible SUR CE POINT PRECIS de relever la moindre application politique.
Le jour où la FIA requalifiera une voiture qui n’est jamais entrée dans les 107% du week-end ou qu’elle empêchera à une voiture qui a réalisé les 107% de prendre un départ, je serai le premier à le dénoncer et à souligner la clémence ou la sévérité des commissaires par rapport à des situations antérieures.