La méthode Ferrari

Il serait malhonnête de résumer la saison de Ferrari à l’affaire d’Hockenheim, pourtant force est de constater qu’en Allemagne la Scuderia a renoué avec une politique qui avait mis à mal son image quelques années plus tôt. La Scuderia a ainsi profité de la docilité de son pilote brésilien pour tout miser de ses espoirs de titre suprême sur Fernando Alonso, à mi-saison, à peine… Mais, l’affaire est bien plus obscure quand on s’intéresse à la méthode employée par la Scuderia.

Un homme en uniforme militaire, hurlant : Je suis le Lieutenant-Colonel, Première classe, troisième dan, Domenicali et votre chef instructeur. À partir d’aujourd’hui, vous ne parlerez que quand on vous parlera et les premiers et derniers mots qui sortiront de votre sale gueule, ce sera « Chef » tas de punaises ! Est-ce bien clair ?!

Tous les pilotes : Chef, oui, Chef !

Domenicali : Mon cul, je n’entends rien ! Montrez-moi que vous en avez une paire !

Tous les pilotes : Chef, oui, Chef !

Domenicali : Si vous ressortez de chez moi, les louloutes, si vous survivez à mon instruction, vous deviendrez une arme, vous deviendrez un prêtre de la victoire implorant le drapeau à damier ! Mais en attendant ce moment-là, vous êtes du vomi, vous êtes le niveau zéro de la vie sur terre, vous n’êtes même pas humains, bande d’enfoirés ! Vous n’êtes que du branlomane végétatif, des paquets de merde d’amphibiens, de la chiasse ! Parce que je suis une peau de vache, vous me haïrez ; mais plus vous me haïrez et mieux vous apprendrez ! Je suis vache mais je suis réglo ! Aucun sectarisme racial ici : je n’ai rien contre les ritals, les espingouins, les grenouilles et même contre les brésiliennes. Ici, vous n’êtes que des vrais connards et j’ai pour consigne de balancer toutes les couilles de loup qui n’ont pas la pointure pour servir ma chère écurie ! Tas de punaises, est-ce que c’est clair ?!

Tous les pilotes : Chef, oui, Chef !

Domenicali : Mon cul, je n’entends rien !

Tous les pilotes : Chef, oui, Chef !

Domenicali : Bon, maintenant, on passe à l’appel ! Seconde classe Gené ?

Gené : Chef, présent, chef !

Domenicali : Aspirant Bianchi ?

Bianchi : Chef, présent, chef !

Domenicali : Seconde classe Fisichella ?

Fisichella : Chef, présent, chef !

Domenicali : Seconde clas… oh putain, ils l’ont ressorti ! (un silence) Seconde classe Badoer !

Badoer : Chef, présent, chef !

Domenicali : Alors trou du cul, c’était bien l’infirmerie !

Badoer : Chef, je n’étais pas à l’infirmerie, chef !

Domenicali : Pourtant t’avais pas l’air bien la dernière fois ?

Badoer : Chef, c’était pas moi mais la voiture, chef !

Domenicali : Putain, putain de nom de Dieu ! Qui c’est ce zygoto ? Un p’tit comique, hein, l’engagé guignol ? Je t’admire, j’adore ton honnêteté. Tu sais que je t’aime bien ? (frappant Badoer dans le buffet) Espèce de sac à foutre ! J’ai noté ton nom, tu vas roter du sang, défense de rire et défense de pleurer ! Je vais te mettre au pas moi, je vais te dresser ! Relève-toi, allez nom de Dieu debout sinon moi j’te dévisse la tête et je te chie dans le cou !

Badoer, se relevant en cherchant son souffle : Chef, oui chef !

Domenicali : Au suivant ! Seconde classe Massa ? (silence) Seconde classe Massa ! (nouveau silence) Bon Dieu de bordel de bon Dieu, seconde classe Massa, si tu te fous de ma gueule, tu vas me faire du parcours à en crever la gueule ouverte !

Massa : Là ! Je suis là, désolé Stefano ! C’est le petit Felipinho, il fait pas encore ses nuits et j’ai pas entendu le réveil ! Alors comme ça, il paraît qu’il y a une réunion ce matin ?

Domenicali : Mon cul, à genou espèce de sac à foutre !

Massa : Quoi ?!

Domenicali : Seconde classe Massa, j’te préviens, t’as choisi la mauvaise journée pour me marcher sur les arpions !

Massa : Mais… Stefano… c’est moi ! Felipe ! Et puis, c’est quoi cette histoire de seconde cl… (Le pilote brésilien n’eut pas le temps de terminer sa phrase que l’instructeur chef, 1ère classe, 3ème dam, Domenicali l’empoigna par le cou)

Domenicali : Tu trouves que je suis mignon, mon p’tit Felipe, tu trouves que je suis marrant ?

Massa : C’est pas c’qui vient sur le coup, là, Stefano !

Domenicali : Raclure de chiottes ! C’est pas parce que t’as failli y rester sur le champ de bataille qu’il faut t’y croire fillette ! Nous, ici, les médailles et les honneurs on les file à ceux qui gagnent, pas à ceux qui se font enfiler le trognon dans le dernier tour ! Tiens, d’ailleurs, je parierais que tu es du genre à enfiler un mec jusqu’au trognon sans avoir l’élémentaire politesse de lui manipuler gentiment le petit frère ! J’te préviens, je t’ai à l’œil ! Compris, seconde classe Massa ?

Massa : Compris ! Compris ! (dit-il avant de continuer, de façon à peine audible) Mais j’vais quand même relire mon contrat, surtout les p’tites lignes !

Domenicali : Bon, très bien les tarlouzes ! Voilà c’qu’on fait à la Ferrari Driver Academy aux couilles de riz qui pètent plus haut que leur fion ! Et croyez-moi, j’en ai cassé du pilote avant même que votre mère vous expulse ! Tu s’ras pas notre première brésilienne, seconde classe Mas…

Un pilote, arrivant au pas de course : Chef, Capitaine Alonso, au rapport, chef !

Domenicali : Mon p’tit Fernando ! Mais c’était pas la peine de courir !

Alonso : Chef, désolé du retard, chef !

Domenicali : Non, mais ne t’inquiète pas : on a l’esprit ouvert ici ! Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?

Alonso : Chef, c’est une panne de réveil, chef !

Domenicali : Arrête avec tes « Chef », on est une famille ici ! Tu veux un petit café ?

Alonso : Ah bah c’est pas d’refus, j’ai rien pris avant de partir !

Domenicali : Seconde classe Massa ! Café !

Massa : Non merci !

Domenicali : J’t’ai pas d’mandé si tu voulais un café ! Alors, je te file 3 secondes – tu entends ? – exactement 3 secondes pour aller nous faire deux expressos ou je te fais gicler les yeux des orbites et je t’empaffe le crâne ! Peux-tu me confirmer que tu as compris ce message ?

FIN

Ce texte reprend des extraits de dialogues du film « Full Metal Jacket » de Stanley Kubrick

Tags:
4 Comments

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.